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CONSIDÉRANT L'EXPÉRIENCE ONUSIENNE, LES ÉTATS DOIVENT-ILS S'EN REMETTRE SANS RÉSERVE AU BRICS








Au terme de maintes tentatives, nous avons finalement jugé important de placer notre modeste pierre dans la construction de l'édifice du monde à venir en accouchant ces réflexions qui peuvent faire l'objet de débats en vue d'éviter, dans le contexte d'une alternative au monde occidental néfaste, la répétition des bêtises de celui-ci.


Les États ayant pour la plupart subi les cruautés, les injustices et les inégalités viscérales de l'Occident, se sont réunis dans une cellule connue à présent sous l'appellation de BRICS (sigle de Brasil, Russia, India, China, South Africa)pour renverser la vapeur et se justifier par leur ardeur et leur dévouement à corriger les dérives occidentales et à promouvoir une humanité où doivent régner la justice, l'égalité, l'équité et, par voie de conséquence, la paix et la sérénité.


Cela étant, nous nous permettons d'anticiper que lorsque le BRICS aura atteint un effectif de 75 pays membres et qu'il aura avoisiné les 55% et 51% respectivement de la population et du produit intérieur brut à l'échelle mondiale, il pourra sans ambages se désolidariser de l'0rganisation des Nations Unies; celle-ci périclitera au rythme de son abandon par d'autres pays. Entre temps les États-Unis d'Afrique (EUA) se formeront de telle sorte qu'ils fassent le poids au sein du « BRICS » qui se verra obligé de changer de dénomination à cause de l'Afrique du Sud qui se devra de donner préséance aux EUA, question de sensibilités régionales (un autre débat). En bons visionnaires et en raison de considérations d'ordre géostratégique (économiques, politiques, sociales, culturelles), les 54 États d'Afrique s'aviseraient de se fédérer avant d'intégrer la structure du BRICS; du moins, ils auraient à créer des alliances ou des communautés sincères à l'instar de celle du Burkina Faso, du Mali et du Niger, nouvellement montée sous la désignation d'Alliance des États du Sahel (AES). L'avenir de l'Afrique, s'il faut prêter le flanc aux allégations de penseurs panafricanistes, donc éclairés tels que Cheick Anta DIOP, Charles C. MENDEZ, Mbog Bassong, Yamb Ntimba, le professeur Théophile OBENGA pour ne citer que ceux-là, doit nécessairement se lire à travers le prisme de la constitution d'un État fédéral.


En tout état de cause, Le BRICS devrait garder le profil d'un comité provisoire, d'un embryon destiné à diriger de concert avec d'autres états les travaux de préparation et de mise en place de la Structure multipolaire à venir. Car, c'est avec l'intégration des autres États que les configurations légales, administratives, politiques, sociales, économiques, culturelles, la règlementation interne de cette nouvelle organisation prendront corps et que se précisera à plus forte raison son fonctionnement effectif. Ce serait, comme ce fut le cas avec l'Organisation des Nations Unies (ONU), une erreur fatale de la part des États, surtout ceux du berceau de l'humanité, d'intégrer individuellement et tête baissée le BRICS en son état actuel car cette structure, en toute logique, ne peut être que transitoire. Sinon, c'est-à-dire si cette structure est permanente, donc toute faite comme un patron de tailleur, un moule, pensée uniquement par les cinq États originels, nous prenons à charge d'affirmer à notre sens qu'elle ne sera qu'une contrefaçon de l'ONU. Alors, la catastrophe organisationnelle pourra s'avérer pire que celle que connait cette ONU devenue désuète, dépassée vu la conception de sa structure organisationnelle très hiérarchisée où les pouvoirs décisionnels sont concentrés au sein d'une cellule connue sous la désignation de conseil de sécurité, composée de cinq super États qui décident en fait de tout ce qui concerne le devenir de l'existence.


Quelles furent notre stupéfaction et notre angoisse d'apprendre que le BRICS s'est érigé en institution ayant déjà acquis une maturité telle que les États qui veulent en devenir membres sont dans l'obligation de soumettre leurs dossiers de candidature pour étude et que leurs demandes peuvent faire l'objet d'agrément ou de refus de la part du BRICS!


Pour qui veut faire travailler sa matière grise et y mettre une pointe de finesse, la démarche reviendrait à questionner la structure du BRICS et la place qu'y occuperont les pays autres que ses initiateurs, somme toute, les pays adhérents. Il y a matière à réfléchir et à admettre que de la même manière que l'ONU, en filigrane propriété de cinq pays en majorité occidentaux (l'Angleterre, la Chine, les États-Unis, la France et la Russie), s'est imposée aux nations, de la même manière que les institutions de Breton Woods (le Fonds Monétaire International (FMI, la Banque Mondiale) ont lancé leur recrutement sous couvert de leur réglementation, de leur idéologie, de leur mission, de leur vision et de leur agenda respectifs, tous préétablis en méconnaissance totale de la position des États, notamment ceux du sud, eu égard au processus de leur adhésion, le BRICS peut emprunter cette ornière viciée à la base et vouer piteusement l'humanité à un second échec. Nous nous interrogeons encore sur cette entreprise à chiffre 5 où réapparaissent la Chine et la Russie trop habituées aux pratiques onusiennes et pouvant vivre dans la sphère illusoire de maîtresses du monde.


Force est de signaler que le pacte qui engagera les Nations postulantes au BRICS dans le cadre de la construction du monde multipolaire doit être un contrat synallagmatique passible de changements conjoncturels, concernant au moins une vingtaine de pays à l'origine, et non d'adhésion aux desiderata d'un groupuscule de pays monopolisant le droit de véto. Pour peu que nous nous attendions à une réplique de taille à l'ONU, nous ne nous investissons pas dans une dynamique de contestation de la bonne foi du BRICS mais nous craignons que celui-ci ne soit un trompe-l’œil et ne se mue dans les prochaines années en une fournaise qui se dresserait sur la route de ces pays qui, en quête de mieux-être, veulent se départir de la jungle de l'Occident. Ce serait un scénario où ces États se retrouveraient entre deux maux à égalité parfaite : un brasier bricsien en face et une jungle onusienne à l'arrière.


Tout observateur rationnel doit se rendre à l'évidence que la conception idéologique et structurelle de l'ONU lui confère un attribut de cadre de référence du néocolonialisme, où s'exécute l'adversité entre grandes puissances et petits pays, si vrai qu'en sus de l'esclavage, celui-ci conduit à L'appauvrissement exacerbé de ceux-ci et l'enrichissement à outrance, de surcroît indécent de ceux-là. Dire que le système néocolonial est entretenu par l'ostracisme de l'Organisation des Nations Unies, cette structure étant engendrée à dessein de maintenir l'hégémonie occidentale (les grandes puissances, pays dits riches ou du nord) et l'assujettissement des pays moins avancés (pays dits pauvres ou du sud), selon le narratif et les paradigmes de l'Occident. En résumé, les grandes puissances ont défini en principe les objectifs d'union des nations à travers la charte de l'ONU tout en dissimulant en fait leurs vrais objectifs de domination du monde, se servant donc de ladite organisation comme écran.


Encore qu'il faille croire et œuvrer au remplacement de cette structure de domination et d'exploitation « légalisée » de l'homme par l'homme, les États doivent faire montre de perspicacité et user de prudence dans leurs nouveaux choix; privilégiant l'idéologie d'un monde multipolaire, ils se refuseront donc à ressasser la gravissime erreur d'intégrer une structure organisationnelle sans qu'ils aient été partie prenante de toutes les étapes de ce gigantesque projet (cadre conceptuel, légal, montage, mise en œuvre, budget et plan de financement, impacts, évaluation et suivi etc.) Le futur d'un monde nouveau où se joueront les vertus du vivre ensemble des peuples, sous l'égide de la justice, de l'équité, de l'égalité et de la paix ne doit point constituer l'apanage d'une poignée de pays qui prendraient sur eux-mêmes de redéfinir l'état du monde et la réorientation de l'humanité. Ce ne serait qu'une rengaine du gouffre actuel avec pour conséquence les mêmes finalités de l'impérialisme dont nous subissons tous aujourd'hui, administrateurs et administrés, anciens colons et anciens esclaves, anciens bourreaux et anciennes victimes, l'impact négatif, pour ainsi dire, désastreux et hideux.


Les nations ont pour obligation d'emprunter la voie d'une collaboration d'égal à égal en prenant en compte les potentialités et les capacités de chaque partenaire, de s'engager dans une mutualisation des efforts pour un jeu de négociation gagnant-gagnant, de réunir les ingrédients d'une symbiose enfin bienfaitrice et non de s'enliser inexorablement dans une fondrière de changement de maîtres. C'est seulement à ce prix que nous pourrons réaliser le monde d'équilibre et de jubilation collective tant convoité depuis des siècles.


Qu'il en soit ainsi pour de meilleurs lendemains!



Jackson LOUIS JEUNE

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